1Max2peche fait peau neuve ;-)

1Max2peche fait peau neuve ;-)

1max2peche fait désormais partie du paysage halieutique depuis plusieurs années, mais l’histoire de ce magazine est faite de hasard et de rencontres qui ont permis de résister au grand boom des magazines en lignes puis à leur disparition. Le site 1max2peche a soufflé sa dixième bougie le 19 décembre, l’occasion de faire un point avec son rédacteur en chef Geoffray.

Pêche de la carpe en Saône

Geoffray, le fondateur d’1Max2peche

Bonjour Geoffray, peux-tu nous raconter rapidement comment ce magazine a vu le jour ? 

Bonjour à tous. Il y a un peu plus de 20 ans, j’ai créé le site Carpextrem avec mon copain de classe Anthony où nous écrivions un peu. En poursuivant mes études en informatique, je me suis lancé dans l’écriture d’un logiciel (Carpe Manager) qui permettait d’enregistrer ses sessions et avoir tout un tas de statistiques. En 2005, une maison d’édition parisienne me contacte pour rédiger un numéro pour un magazine carpe pas connu : Carpe Passion dont le 1er numéro avait été lancé. Un gros chèque à la clé m’a motivé à rédiger ce 2ème numéro seul, puis plutôt satisfait, l’éditeur m’a commandé un deuxième numéro. Je leur ai dit que seul ce n’était pas possible, et j’ai commencé à recruter des auteurs pour m’épauler. Cette petite histoire a duré 7 ans et le magazine a été le leader des ventes pendant tout ce temps, même si en termes de notoriété ce n’était pas le cas. Après quelques années, j’ai échangé quelques mails avec Christian Cano, éditeur du magazine Côt&Pêche, qui avait été approché par l’éditeur parisien.

Entre temps, le groupe s’est développé, et je suis devenu rédacteur en chef d’un magazine carnassier, d’un magazine mer et d’un magazine généraliste qui regroupe les meilleurs articles publiés dans les magazines spécialisés. Peu avant de sortir le magazine de pêche en mer, j’ai envoyé un petit mail à Christian pour le prévenir. Je ne le connaissais pas, je ne l’avais jamais rencontré, mais cela m’a paru la moindre des choses que de le prévenir que je devenais un de ses concurrents.

Avec la crise de la presse papier à partir de 2010, l’éditeur a commencé à vouloir repasser des vieux articles, le challenge m’intéressait de moins en moins et j’avais beaucoup de mal à assumer le fait que des lecteurs puissent acheter le magazine en retrouvant des articles déjà publiés. J’ai profité de mes vacances dans le sud en 2012 pour enfin discuter avec Christian dans ses locaux à Toulon car j’avais un projet dans les cartons : un nouveau magazine carpe papier. J’avais les connaissances, l’équipe, il ne me manquait que l’éditeur ! En arrivant dans ses locaux pour lui présenter mon projet, il me présente ce qu’il utilise depuis quelques mois pour ses magazines : une liseuse en ligne, avec intégration de vidéos, de liens, de galeries photos. Je n’avais pas encore passé la porte de son bureau pour repartir que je n’avais plus qu’une idée en tête : faire un magazine gratuit sur internet, et pour toucher un maximum de monde cela allait être un généraliste, car j’avais déjà une équipe d’une cinquantaine d’auteurs de tous horizons.

Le 19 décembre 2012, nous tombons d’accord sur le nom : 1max2peche et nous achetons le nom de domaine. Il nous faudrait pratiquement une année de travail pour convaincre les premiers partenaires, former une équipe de choc, prêt à s’investir sans vision de retour financier, trouver un graphiste et tout le reste. En février 2014, le premier numéro était là pour 6 mois, puis pour 1 an. Et les années se sont enchainées, pour en arriver à revenir à mes premiers amours : la carpe ! J’ai convaincu Christian de faire un magazine carpe que vous trouvez tous les 3 mois sous le nom 1max2carpe.

Lancer des magazines gratuits, c’est pas un pari un peu fou ça ? 

C’est fort probable, mais ce n’est ni mon premier coup de folie, ni mon dernier ! Côté sport c’est un IronMan, ou encore 5 marathons sur 5 continents en 2019, ou encore un Ultratrail de 100km… en attendant l’Embrunman en 2023, le Norseman, l’UTMB et la diagonale des fous lorsque je serai sélectionné. Alors finalement, lancer des magazines gratuits c’est pas si fou que ça non ?! A partir du moment où je me dis que c’est pas possible, ça me donne encore plus d’envie de me prouver le contraire !

La carpe, c’est ton truc ?

Oui, et ça le restera. Par contre je pratique beaucoup d’autres pêches, mais je ne peux pas me passer de la pêche à la carpe. J’ai un magnifique terrain de jeu avec la Saône, et même lorsque je pratique d’autres pêches j’ai toujours un œil sur les carpes. C’est d’ailleurs un excellent moyen de comprendre le fonctionnement des poissons car la pêche des carnassiers n’est pas statique et on voit et comprend beaucoup plus de choses.

Revenons à 1max2peche et 1max2carpe, pour les 10 années il y a des surprises ? 

Enormément, je n’ai pas peur de dire que l’année qui se profile risque d’être un tournant dans notre petite histoire. De nombreux projets se mettent en place et se concrétisent et c’est très excitant d’arriver en 2023 avec plein d’espoirs. Nous avons changé notre logo et nos couleurs, nouveau site internet plus lisible et rapide qui passe aussi en .fr, une nouvelle application mobile avec les flux RSS pour avoir plus d’interaction avec ce qui se passe sur notre site ou nos vidéos Youtube, et surtout beaucoup de projets de vidéos en direct sur les réseaux sociaux. Les vidéos actuelles manquent un peu d’authenticité, nous voulons montrer ce que c’est que la pêche, sans être coupé au montage. Nous avons également un autre très gros projet, mais il est encore un peu tôt pour en parler… mais d’ici 3 mois cela pourrait bien être une petite révolution comme celle que nous avons amené dans la presse il y a 10 ans.

Il y a pas mal de contenu sur 1max2peche, mais concrètement pour les pêcheurs de carpe il y a quoi ? 

Il a environ 200 articles dédiés à la pêche de la carpe dans notre rubrique carpe, je dois avouer que je n’ai pas beaucoup posté d’articles carpe en 2022 mais les bonnes résolutions 2023 sont prises et le nouveau site internet va bien aider. Il y a bien entendu les magazines 1max2carpe a dévorer tous les 3 mois mais il y a des choses vraiment utiles : les conditions de pêche, avec notamment le calendrier lunaire, la hauteur et le débit des rivières, les nœuds de pêche pour trouver le meilleur nœud, et un outils bien pratique pour calculer la quantité de fil que l’on peut mettre sur son moulinet, indispensable lorsqu’on doit acheter des nouvelles bobines.

D’un point de vue global, que penses-tu du marché de la carpe en France ?

La carpe a toujours représenté un gros volume dans le panier des pêcheurs, parce qu’il faut quand même pas mal de matériel pour pêcher la carpe de façon « traditionnelle ». En revanche, la dynamique semble s’estomper, la pêche des carnassiers est aujourd’hui davantage à la mode et correspond davantage au style de vie. Sur le plan des médias, la pêche de la carpe est en train de complétement rater son virage. Les contenus « neutres » sont toujours aussi peu nombreux, même s’ils sont très très qualitatifs. On voit donc quelques très belles vidéos fleurir tous les 2 ans pour Montluçon, ce sont des projets qui prennent énormément de temps et d’investissement, et après il n’y a pratiquement plus rien. J’exagère volontairement, mais on n’est pas si loin de la vérité et on est très loin du contenu produit par de nombreux Youtubeurs à succès, quasi tous spécialisés dans la pêche des carnassiers. Les compétitions ne sont pas en reste, leur nombre est très stable, alors que les compétitions carnassiers explosent partout en Europe, avec des dotations qui sont de plus en plus grandes. Bref, la pêche des carnassiers en Europe commence à se professionnaliser, alors que la pêche de la carpe est restée à son amateurisme malgré son avance au départ. Il y a de belles choses à faire dans le domaine de la carpe, mais peut-être un peu plus qu’ailleurs, les personnes n’arrivent pas à s’unir et travailler ensemble pour pousser la pêche de la carpe, chacun fait son projet dans son coin, qui finit par mourir avec le temps faute à la motivation qui s’estompe avec le temps qui passe et les résultats espérés qui arrivent trop lentement.

On termine avec une question un peu plus personnelle, c’est quoi ton style de pêche ?

J’aime bien être le sniper dans l’ombre. Je pratique uniquement en domaine public, j’essaie d’amorcer la nuit, lorsque personne ne me voit, et j’aime aussi beaucoup arriver tard et repartir tôt, il m’est très rare de rester plus d’une nuit, et pratiquement jamais plus de deux. Ni vu ni connu, et lorsqu’on fait une nuit blanche remplie de « gros » poissons, on a vraiment l’impression d’avoir braqué une banque. Je déteste voir des carpes koïs en photo car pour moi c’est un poisson d’ornement qui ne devrait pas être pêché (j’ai élevé 6 carpes koïs pendant plusieurs années à les chouchouter avec nourriture d’origine japonaise, chauffage en hiver et filtration pour une eau limpide) tout comme je déteste de plus en plus voir des poissons finir dans un sac pour une photo. Mon respect du poisson grandit de plus en plus et je m’interdis certaines pratiques qui ne me posaient pas de problèmes par le passé. Il est temps d’évoluer sur certains sujets, surtout lorsqu’on aime les carpes comme les carpistes peuvent les aimer !