Un certain laps de temps s’était écoulé avant que je n’ose remettre les pieds dans un plan d’eau privé, dix ans peut-être ? Et pour des raisons qui n’appartiennent qu’à moi. Mais malgré mes réticences, un de mes amis doté d’un grand sens de persuasion avait tout de même réussi à me faire changer d’avis et à me convaincre de l’accompagner sur un plan d’eau qu’il connaissait déjà le Domaine des Bels Eaux. Une formidable occasion de découvrir ensemble, un de ses quatre plans d’eau qu’il n’avait jamais pêché auparavant.
Le jour de mon départ vers ce domaine est enfin arrivé. C’’est avec beaucoup de joie et un visage affichant clairement cette agréable émotion que je m’apprête à parcourir un long trajet avec mon vieux Patrol chargé à bloc, allez c’est parti !!!
Trois cents kilomètres plus tard, je traverse un village nommé Le Chemin dans le département de la Nièvre (58), puis j’emprunte un sentier qui traverse une jolie forêt et débouche sur un des plans d’eau de ce domaine. À première vue, l’endroit me parait très prometteur.
C’est plutôt sauvage et en retrait de toute civilisation humaine, en fait !
Un lieu qui ressemble étrangement à tous ceux que j’apprécie en temps normal !
J’arrive enfin sur mon poste avec un coffre rempli de bouillettes fraîchement roulées, des produits en phase de tests avant une éventuelle commercialisation. D’ailleurs pour être honnête avec vous, j’ai déjà hâte de connaître le résultat final et leurs véritables potentiels, car, hormis d’excellents résultats avec ces dernières sur mes parcours habituels, elles n’ont encore jamais trempé dans des eaux bien sollicitées, le mystère reste donc total et devient même une source de motivation supplémentaire.
Lors du déchargement de mon véhicule, le propriétaire du domaine ( Sébastien ) arrive pour gentiment se présenter à moi, cette personne très accueillante m’annonce que nous allons avoir le privilège de pêcher seuls sur ce plan d’eau d’une superficie de trois hectares ( Belsaules Lake ) et qu’il à précédemment été pêché pendant trois jours par une équipe de pêcheurs hollandais, informations prises ! Passons désormais au principal, la pêche !!!
Je m’empresse de mettre sur l’eau mon zodiac équipé de son écho, afin d’y voir un peu plus clair !!! Clair, mais uniquement dans la théorie car contrairement à mes habitudes, il n’y a pas des profondeurs variantes de un à vingt mètres ici, non non, pas du tout, elles sont plutôt comprises entre 80 cm et 1.20 m !
Ça y est, le doute s’installe dans mon esprit ?
Un esprit perdu dans un écho-sondeur qui peine à m’afficher quelque chose de lisible sur son écran, à part un tracé on ne peut plus rectiligne, j’ai d’ailleurs l’impression que le pauvre est aussi désappointé que moi ! Bref ! Je décide de retourner sur la rive pour y monter mon campement sur une petite place prévue à cet effet (wahou ! Même pas besoin de régler les pieds du bed…) ! En m’acquittant de cette tâche, j’observe assidûment la surface de l’eau afin d’y déceler le moindre signe d’activité et avant toutes autres choses, quelques poissons ayant un gabarit un peu plus volumineux que celui de tous ces gardons qui mouchent en surface ! Après deux bonnes heures d’observation passées dans un calme plat, plutôt déroutant, je me lance enfin !
J’embarque donc avec deux de mes cannes, une eschée respectivement d’un doublé de 18 mn foie/ épice pour l’une et d’une bille réalisée avec un Mix principalement composé de farines végétales pour l’autre, sans oublier quelques graines et pellets en guise d’amorçage qui feront parfaitement l’affaire. La troisième quant à elle, est restée sur la berge prête à être déposée à vue sur la moindre manifestation de surface !
Je trouve qu’il fait encore étrangement froid pour une fin avril et d’ailleurs la météo annonce des températures négatives pour la nuit à venir ainsi que pour les prochains jours, je grelotte un peu, mais m’acharne désespérément à trouver un trou qui pourrait rompre le décor, mais rien n’y fera ! Et je finirais par déposer mes lignes dans les profondeurs les plus importantes avant de rejoindre la terre ferme et savourer les quelques rayons de soleil restants.
La nuit tombe et j’observe au loin quelques mouvements en surface contre la berge en face, dans 60-70 cm d’eau environ. Malgré ça, je décide de laisser ma troisième tranquille, afin d’éviter de retourner sur l’eau et déranger inutilement mes deux autres lignes, Allez dodo !
Je me réveille vers 7 h après avoir passé une nuit bien trop calme. Je profite d’un bon petit déjeuner préparé avec une baguette fraîche gentiment déposée par Sébastien, quel luxe le privé ! Mon pote quant à lui a eu un peu plus de chance que moi et à pris un peu d’avance en capturant deux jolis amours blancs.
En remontant mes lignes, je m’aperçois que mes billes sont encore présentes sur mes cheveux, mais avec une mauvaise odeur de vase qui arrive à masquer celle des plus puissantes de mes arômes!! Je décide donc de changer de stratégie et d’escher mes montages, avec une pop-up, une petite bombe à l’odeur peu commune, surmontée d’un faux maïs en guise de sécurité. Je pose une ligne dans 60 cm d’eau, devant un petit arbre immergé et la seconde contre un champ de rhizomes, j’essaye donc de m’adapter à la situation et de faire confiance à mon ressenti plutôt qu’aux informations transmises par mon écho.
Bingo !! Les poissons commencent à répondre favorablement à ma nouvelle approche et j’arrive à sortir deux magnifique ghost ainsi qu’une commune sur ces deux cannes, chouette ! Mes premières carpes Koï ! Je suis vraiment heureux et plus motivé que jamais, car Sébastien m’a laissé entendre que ce plan d’eau abritait de beaux amours blancs et quelques grosses communes de plus de 20 kg, alors essayons de rentabiliser mon déplacement de la meilleure des façons en essayant d’attraper un de ces jolis spécimens !
Moins généreuse? Mais avec une jolie caudale bien orangée.
Enfin, ma troisième ligne décide de se réveiller en faisant hurlé mon détecteur, je fonce, mais malheureusement pour moi, je n’aurai pas le temps de sauter dans mon Zodiac que la ligne sera déjà bloqué dans les rhizomes, quelle poisse !!! Elles ont vraiment une pêche d’enfer quand il s’agit de s’engouffrer dans les obstacles ! Pffff !! Je replace donc cette ligne eschée de deux grains de maïs artificiels (flottants et décollés de dix cm) à la même place et l’amorce légèrement avec un mélange de graines composé de maïs, de chènevis et noix tigrées. À terme, cette même ligne me permettra de sortir une belle commune et une magnifique miroir de taille similaire, mais toujours pas l’ombre d’un gros amour blanc.
Malgré une météo un peu capricieuse avec son vent froid du Nord, nous totaliserons ensemble, une quinzaine de prises, un résultat plutôt satisfaisant au vu de ceux obtenus par l’équipe qui pêchait derrière nous sur un étang de 12 hectares Belforet Lake, un plan d’eau où je reviendrais sûrement tremper mes lignes lors d’une future session, ça reste tout de même très constructif de mettre de côté ses a priori et de sortir un peu de ces habitudes.
Un pur moment de bonheur et de satisfaction bien partagés avec mon partenaire du moment !
Prochaine session dans une quinzaine de jours sur une gravière alsacienne, j’ai de nombreuses billes à rouler, je vous partage donc avec un grand plaisir ma recette, qui est simple, efficace et qui revient à moins de 4 € le kg.
Je conclurai cette histoire en vous disant tout simplement : qu’on peut prendre autant de plaisir, certes différent avec de magnifiques carpes d’étang privé qu’avec de jolies carpes sauvages.
Recette Bouillette Carnée :
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200 gr farine de poisson
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50 gr bird-food insect
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200 gr semoule de blé
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200 gr farine de mais
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200 gr de soja ou de lupin toasté
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100 gr poudre de foie
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7 ml d’arôme red devil ( Magic price )
Article écrit par Octylum pour Geocarp.com
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